Non, la reconversion n’est pas toujours la solution !
Nous nous sommes tous entendus dire à un moment où nous avions les nerfs en pelote que nous allions tout plaquer pour partir élever des chèvres en Patagonie. Mais entre des paroles dites sous le coup de l’émotion et le passage à l’acte, il y a un véritable fossé.
Vous auriez tort de penser que la reconversion viendra à bout de tous vos maux professionnels. Certes, l’ennui, l’incompatibilité, ou tout simplement l’envie d’autres horizons sont autant de raisons très louables d’envisager une reconversion mais s’imaginer que votre ras-le-bol vient uniquement de votre métier et que la seule solution pour y échapper est d’en changer est une erreur.
Avant de déposer votre démission car vos émotions auront pris le dessus sur votre objectivité et embués votre esprit, gardez à l’esprit que la reconversion, même si elle est attirante n’est pas toujours la meilleure solution.
Effet de mode : attention danger !
Qui peut encore nier que l’époque encourage à la reconversion ?
Les études qui confirment qu’aujourd’hui près de 90% des Français y songeraient ou les reportages qui mettent en avant ces belles histoires de reconvertis heureux pullulent et nombreux sont les salariés qui trouvent le besoin de s’identifier à eux.
Nous avons tous entendu parler de ce trader ayant tout plaqué pour se lancer dans le maraîchage bio. Ou de cette directrice artistique qui a monté son food truck. Ou encore de cette esthéticienne devenue naturopathe.
En effet, ces modèles de réussite encouragent à sauter le pas. « Pourquoi n’aurais-je pas moi aussi la possibilité de travailler en short et tongs tout au long de l’année, dans un décor de rêve ? »
Pour les plus anciens, peut-être vous souviendrez-vous du «syndrome de la chambre d’hôtes» qui s’était développé au début des années 2000 et où des milliers de cadres se lançaient dans l’hébergement touristique. En 20 ans, le nombre de gîtes en France était d’ailleurs passé de 4500 à 30 000 (entre 1988 et 2008), puis avait encore doublé 10 ans plus tard passant à plus de 60000. Néanmoins, pour la plupart, reconversion avait rimé avec déception avec des rendements bien insuffisants pour en vivre.
Actuellement, nous vivons à peu près le même phénomène avec l’explosion de l’entrepreneuriat et du freelancing, impulsé en particulier par la génération Y.
Si pour certains, l’influence de ces phénomènes de mode sera bénéfique, pour d’autres, faire un transfert en s’imaginant que ce qui marche pour l’un marchera forcément pour soi se soldera par un échec.
Avant de se lancer à corps perdu dans une telle aventure, il est important de prendre le recul nécessaire pour comprendre quelles raisons profondes vous poussent à l’envisager.
Trouver l’origine du problème avant tout
Toute remise en question demande une longue réflexion sur les réelles raisons de votre envie de changer de métier. Peut-être n’est-ce qu’un passage à vide ou alors, cette envie vous met en face d’une réalité toute autre. En premier lieu, il convient donc de s’assurer que vous êtes réellement sûr de vouloir vous réorienter. Pour ce faire, vous devez entreprendre de faire le bilan de votre vie professionnelle en définissant ce qui ne vous convient plus, ce qui vous manque et ce dont vous avez envie.
Définir ce qui vous manque
Pour être totalement épanoui dans son travail, nous avons chacun des attentes différentes. Pour certains, ce sera de la reconnaissance, pour d’autres un salaire suffisant, pour d’autres encore, de la stimulation. Et pour vous ? Quelles sont vos attentes profondes en exerçant votre profession et sont-elles comblées ?
Définir vos désirs
Il se peut que vous ayez un projet qui vous trotte en tête depuis plus ou moins longtemps et qu’avec les années qui passent, celui-ci devient obsédant. Posez-vous deux secondes et réfléchissez à cette envie car quand on est motivé par un projet, on pense rarement à ses aspects moins réjouissants. Pourtant, rien n’est ni tout blanc, ni tout noir. Vous rêvez de devenir boulanger ? Êtes-vous sûr d’être capable de vous lever chaque jour à 3h du matin, de rogner sur vos week-ends, de ne plus pratiquer vos loisirs actuels… Certains aspects vous semblent rédhibitoires et ne peuvent être compensés ? Mieux vaut alors avoir le courage de renoncer dès le départ.
Définir ce qui ne vous convient plus dans votre vie professionnelle
Afin d’identifier les problèmes qui vous motivent à changer de vie professionnelle, plusieurs aspects de votre profession actuelle sont à étudier :
- Vos relations professionnelles se passent-elles bien ?
- L’entreprise et ses valeurs correspondent-elles encore à vos valeurs ?
- Que pensez-vous des missions qui vous sont confiées ? Vous apportent-elles assez de motivation, de gratitude ou au contraire, les jugez-vous trop répétitives, compliquées, sans intérêt…
- Et que dire de l’environnement professionnel ?
Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Pour beaucoup de candidats, la promesse d’un monde professionnel meilleur et plus épanouissement justifie l’urgence de trouver un projet porteur mais soyons réalistes. La réussite expresse n’existe que dans les contes de fées.
Une bonne reconversion, c’est comme un bon vin. Il faut lui laisser du temps, celui de la préparation et de la réflexion car il se mûrit grâce à des moments d’action et d’introspection.
Nous sommes bien conscients que vous avez envie que le changement s’opère rapidement et de manière radicale mais en pratiquant de la sorte, vous ne laissez pas le temps à votre esprit de prendre réellement conscience des transformations qui vont s’effectuer et surtout, vous ne prenez pas le temps nécessaire à l’introspection essentielle à une reconversion réussie.
Il n’y a pas de pire moment pour prendre la décision de tout plaquer que sur le coup de l’émotion, celui où vous n’êtes plus assez connecté à la réalité pour prendre des décisions raisonnées.
En fonction du projet professionnel, la durée d’une reconversion s’étend généralement sur 6 à 36 mois donc autant dire que les impatients qui pensent pouvoir donner leur démission pour commencer immédiatement leur nouvelle vie professionnelle risquent d’être déçus.
Pourquoi cette durée ? C’est assez simple à comprendre. Vous avez le temps de préparation qui s’étale en général sur plusieurs semaines entre l’étude du marché, les bilans possibles, les introspections, puis vous avez le temps de formation qui s’étale sur plusieurs mois, vous avez éventuellement le temps de test de la profession… bref, cela ne se fera pas d’un claquement de doigts.
Si vous pensez pouvoir sauter les étapes pour gagner du temps, évitez cette tactique. La déception serait trop grande. Il est important d’y aller étape par étape, petit à petit, sans rien brusquer.